En août 2025, 333 Afrique a eu l’honneur de participer à l’événement PigX2, un rendez-vous majeur réunissant des experts, des innovateurs et des acteurs clés de la production porcine mondiale. Cette rencontre a constitué une plateforme stratégique pour échanger sur les avancées les plus récentes dans l’élevage porcin, avec un accent particulier sur l’amélioration de l’efficacité productive et des standards de bien-être dans des systèmes de production très diversifiés. Fidèle à son engagement pour le développement de la filière porcine en Afrique, 333 Africa participe activement à diverses initiatives rassemblant des leaders du continent afin d’aborder les défis communs et promouvoir des pratiques durables.
C’est dans ce contexte que nous avons rencontré le Dr Craig Lewis, spécialiste en génétique et en bien-être animal, pour discuter de l’avenir de la production porcine en Afrique et du rôle essentiel que jouent le partage des connaissances et la collaboration pour construire cet avenir.
Le Dr Craig Lewis a grandi dans une ferme familiale du Herefordshire. Il est titulaire de diplômes avancés en comportement et bien-être animal ainsi qu’en sélection et génétique animales. Après avoir obtenu son doctorat à l’Institut Roslin de l’Université d’Édimbourg puis réalisé des travaux de recherche en Australie, il supervise aujourd’hui la diffusion génétique pour Genus PIC dans la région EMEAR. Dans ce cadre, il collabore aussi bien avec des éleveurs en développement qu’avec de grandes entreprises agroalimentaires intégrées. Il préside également le comité de pilotage de l’European Forum for Farm Animal Breeders (EFFAB). Auteur de nombreuses publications et intervenant dans des conférences internationales, le Dr Lewis défend résolument la prise de décisions fondées sur la science tout au long de la chaîne alimentaire, en mettant l’accent sur la transformation de la recherche en outils pratiques capables de répondre aux attentes sociétales en évolution et de garantir des protéines animales éthiques, nutritives et durables.
Dr Craig, selon vous, à quoi ressemblera la production porcine de demain en Afrique ?
Ce que j’aime particulièrement en Afrique, c’est la diversité de ses systèmes de production. On y trouve aussi bien des installations modernes comparables à celles d’autres régions du monde que des petits éleveurs encore en phase de structuration, ce qui ouvre des perspectives considérables. Lorsque nous parlons du porc du futur, il est bien sûr essentiel d’améliorer l’efficacité de production et la conversion alimentaire, mais ici, en Afrique, la priorité demeure la santé et la robustesse. L’adoption continue de nouvelles technologies d’élevage et la mise à disposition de génétiques de haute valeur auprès des éleveurs locaux pourraient véritablement transformer la filière.
Chez 333 Afrique, nous avons lancé plusieurs projets pour unifier et renforcer la filière, comme l’initiative Connect Africa, qui réunit des leaders du continent. Comment percevez-vous ces efforts ?
Ces projets sont absolument fondamentaux. À terme, il s’agit de donner aux éleveurs les outils adaptés. Le travail mené par 333 — éducation, création de réseaux, structuration de communauté, partage de connaissances — produira un impact tangible. Si nous associons ces initiatives avec le soutien de l’industrie partenaire pour améliorer la nutrition et fournir la génétique la mieux adaptée, les éleveurs disposeront de tous les leviers nécessaires pour réussir. Et compte tenu de la croissance démographique en Afrique, le potentiel de consommation de viande de porc est immense.
Comment avez-vous développé un système qui associe à la fois la génétique et la gestion des élevages ?
Le point crucial est de comprendre qu’il ne suffit pas de proposer une amélioration génétique ; il faut s’assurer que les éleveurs puissent réellement en tirer profit. Nous sommes convaincus que la compréhension fine du contexte local est indispensable. Il serait simple d’envoyer de la génétique en Afrique, mais la réussite réside dans la manière dont ce potentiel s’exprime sur le terrain. C’est pour cette raison que nous travaillons main dans la main avec des éleveurs et des partenaires qui connaissent parfaitement leurs marchés et leurs réalités, comme vous au Ghana et au Nigeria. Écouter et collaborer avec des experts locaux nous permet d’apporter une valeur ajoutée concrète.
Compte tenu de l’expertise technique de PIC et de son engagement dans le partage des connaissances, comment envisagez-vous une future collaboration avec 333 Afrique pour renforcer la diffusion de messages scientifiques et accompagner les producteurs, en ligne comme sur le terrain ?
La mission de 333 Afrique me paraît essentielle. Nous devons veiller à ce que des messages fiables, basés sur la science, parviennent aux personnes capables de les mettre en œuvre. Qu’il s’agisse de génétique, de nutrition, de santé ou de biosécurité, chaque composante est importante. Je respecte énormément le travail accompli par votre équipe pour amplifier ces messages. Si, ensemble, nous parvenons à élever le niveau un peu plus chaque jour, alors dans dix ans, le potentiel de la production porcine en Afrique sera exceptionnel.
Vous avez visité l’Afrique à plusieurs reprises et vous avez une vision claire de son avenir. Où situerez-vous la filière porcine dans cinq ans ?
Le développement de la filière en Afrique relèvera davantage de l’évolution que de la révolution. Il s’agira de progresser étape par étape. Par exemple, si un éleveur atteint aujourd’hui douze porcelets sevrés par truie et par an, l’objectif n’est pas immédiatement d’en produire trente, mais d’en produire quinze. Cette seule amélioration peut transformer des vies et des revenus. Nous souhaitons que la filière poursuive sa progression, comme cela s’est produit en Europe, en Amérique du Nord ou en Amérique latine. Et avec l’augmentation de la consommation locale de porc, l’avenir de la filière porcine africaine est extrêmement prometteur.
Merci beaucoup, Dr Craig. Nous apprécions profondément ce que vous représentez pour la filière et nous vous souhaitons plein succès dans vos futurs projets.